Dès que l’on se rend sur le littoral et l’estran, on est malheureusement très souvent confronté à la pollution : sacs plastiques, bouteilles, cordages, débris en tout genre… Cette pollution n’est pas une fatalité, des actions sont possibles pour la limiter et en venir à bout !
Ce que l’on voit sur les plages, on peut dire la même chose pour les bords de rivières, n’est que la partie émergée de l’iceberg, une grande majorité de la pollution est dans l’eau, de la surface jusqu’au fond, en fonction de sa taille, sa densité, etc… Mais attention à bien identifier la pollution ! Algues, bois, coquilles, etc… ne sont pas une pollution, et ont un rôle important pour la préservation des espaces dunaires et comme base de la chaîne alimentaire. En se décomposant, ces débris naturels nourrissent les plantes de la dune, et ces débris sont consommés par des petits crustacés, insectes, eux même consommés par les oiseaux côtiers, etc… Il faut donc bien distinguer pollution et débris naturels, ramasser les uns mais préserver les autres ! Selon ce principe, le nettoyage mécanique à l’aide de tracteurs n’est donc pas du tout une pratique à développer, et même une pratique à abandonner, surtout en zone dunaire ou en période de nidification et de migration.
Ramasser pour connaitre
Ramasser, c’est bien, caractériser, c’est beaucoup mieux ! En effet, en ramassant seulement les déchets, on ôte une partie de la pollution, mais on « cache » cette pollution provisoirement sans en tarir la source. Aujourd’hui, il est possible tous ensemble de participer à stopper la production de ces déchets. pour cela, les déchets ramassés doivent être comptés, triés, caractérisés, afin de ne pas cacher la pollution mais au contraire la montrer au grand jour. En identifiant précisément les sources, les familles de déchets qui polluent aujourd’hui l’environnement, il est possible de faire interdire, d’inciter des changements de pratiques, etc… Pour cela, plusieurs solutions existent, n’hésitez pas à passer à l’action !
La caractérisation
Pour caractériser ces déchets, vous pouvez participer à des opérations collectives de ramassages avec caractérisation, vous pouvez aussi de façon individuelle utiliser le réseau des bacs à marée. Régulièrement,le contenu des bacs est échantillonné pour avoir des statistiques sur la pollution locale. Vous pouvez enfin caractériser vous même les déchets, des plateformes participatives sont en cours de développement, vous pouvez par exemple renseigner des déchets marqueurs sur Océan Plastic Tracker ou sur la plateforme Zero Dechet Sauvage, développée par l’association Mer-Terre.
Comment faire ?
Pour bien ramasser, 2 paramètres essentiels à respecter : vous protéger vous et votre environnement !
- Pour vous (et ceux qui vous accompagnent) : attention aux horaires des marées, soyez prudent sur l’estran, protégez vous : gants (voir « encadré ci dessous » sur l’adsorption des polluants sur le plastique) et chaussures adaptées, n’ouvrez jamais un récipient fermé, même pour « sentir » son contenu, ne ramassez jamais un contenant qui fuit. Si vous trouvez un contenant suspect avec un volume conséquent, n’y touchez pas et prévenez les autorités compétentes (mairies, gendarmerie…), des engins de guerre sont encore parfois présents, n’y touchez sous aucun prétexte, signalez le immédiatement à la gendarmerie en donnant le lieu très précisément. Toujours accompagner les enfants, pour qu’ils ne s’exposent pas à des déchets dangereux.
- Pour l’écosystème : ne piétinez, ne destabilisez pas la dune, il vaut mieux malheureusement laisser quelques déchets plutôt que fragiliser la dune… En période de nidification, en particulier du gravelot à collier interrompu, ne nettoyez pas le haut de la laisse de mer, au risque de détruire une nichée cachée au milieu des débris. A cette période de nidification, ne venez pas non plus accompagné de votre chien. Ne négligez pas les petits objets, les débris les plus petits, ce sont eux que les animaux vont ingérer…
- Enfin ,n’hésitez pas à partager vos actions ! C’est en montrant la pollution, ses constituants, ses dangers, etc… que l’on pourra mobiliser et avoir des estrans naturels sans pollution, des plages et une laisse de mer naturelles, des rivières, des forêts, etc… des actions qui permettront nous l’espérons un arrêt de la production de la pollution à la source !
Les plastiques, des éponges à POPs et métaux lourds !
En cheminant dans la nature et dans des milieux plus ou moins pollués, les plastiques vont absorber à leur surface, on parle d’adsorption, tout un tas de polluants qui vont se « coller » à leur surface : Polluants Organiques Persistants, métaux lourds, résidus de médicaments, etc… Ces polluants sont généralement hydrophobes et solubles dans les corps gras, le simple fait de toucher régulièrement ces déchets peut donc faire passer les polluants de la surface du plastique contaminé à votre peau. Il est donc important de toujours utiliser des gants, et surtout,de bien considérer ces déchets comme des déchets contaminés. Il ne faut pas qu’ils servent de jeux, de bases pour la réalisation d’art plastique, de décoration,etc… ni qu’ils intègrent la chaîne classique du tri du plastique. Ils doivent donc être jetés en « sac noir » et non pas dans les bacs jaunes. Le verre et les métaux, eux, n’ont a priori pas ces propriétés, et peuvent intégrer les filières de recyclage classiques. L’idéal,comme vu plus haut, est de déposer vos récoltes dans les bacs à marée, pour lequel un tri spécifique est réalisé.